Sallinger 2 mai 2012 / Javier Lorenzo

Les dix derniers jours ont été riches en… je ne sais pas quoi.

Le dimanche avant la première —presque une semaine avant l’ouverture au public—, les comédiens avaient fait deux filages extraordinaires. Nous étions prêts. Nous avions confronté « Sallinger » à quelques spectateurs et les retours étaient plus que favorables.

Et puis, le mardi 24 avril, nous avons fait une sorte de pré-générale avec une quarantaine de personnes… une très beau filage jusqu’à la scène 10.

Mon ami Javier Lorenzo, qui joue Le Rouquin, est entré. Un pas de moins qu’à l’habitude. Il tombe de la scène : SAMU, double fracture…

Obligation de le remplacer…

Nous avons trouvé un très bon acteur qui été libre… Diego. Mais le choc était là.

La première aura lieu le 12 mai, et Javi reprendra son rôle en France.

PS : Dans le prochain billet, il y aura les premières photos du spectacle.

Sallinger, 8 avril 2012

Depuis maintenant une semaine —ou presque à cause des jours fériés—, nous sommes dans la Casacuberta. La salle du Teatro San Martin où nous allons jouer pendant trois mois.

Les premières répétitions ont été formidables. Les acteurs ont retrouvé rapidement leurs marques sur un plateau qui fait trois fois notre salle de répétition. Ce week-end, tout le monde est un peu plus fatigué, un peu malade…

J’attends avec impatience d’avoir quelques lumières, quelques axes, et voir évoluer les acteurs dans les différents plans lumineux.

Le décor arrive au compte-goutte. Bien qu’étant profondément anxieux, je m’habitue à la pratique argentine du « normalement cela devrait arriver ».

Roberto Castro, Lucrecia Capello, Franscisco « Panchito » Lumerman, Martin Slipak, Céline Bodis, Luciana Lifschitz, Anita Pauls.

Roberto Castro, Al ; Anita Pauls, Anna ; Martin Slipak, Leslie.

Photos : Marianna Cecchini

Sallinger, 28 mars 2012

Quel bonheur de travailler avec ces acteurs…

Depuis deux jours, nous faisons des monstres.

Définition de MONSTRE : filage d’une partie de la pièce sans que nous ayons besoin de l’appeler filage.

Je ne veux pas que nous nous mettions dans les conditions de la représentation. Nous devons converser l’état d’un travail encore fragile. La compréhension du texte et des articulations entre les scènes est au prix de cet équilibre.

L’écriture de Koltès m’étonne un peu plus chaque jour. Là où la lecture assombrit parfois le sens des mots, des phrases et l’organisation syntaxique, le travail du plateau l’éclaircit laissant même un sentiment d’évidence.

Amaya, mon assistante et interprète :

photo : Marianna Cecchini

Sallinger, 22 mars 2012

Quelques photos de répétition prises par Marianna :

Lucrecia Capello, Ma

Anita Pauls, Anna — Roberto Castro, Al

Martin Slipak, Leslie — Céline Bodis, Carole — Lucrecia Capello, Ma — Roberto Castro, Al

Martin Slipak, Leslie

Sallinger, 19 mars 2012

Comme je le disais dans le dernier billet, l’œuvre de Koltès a des accents shakespeariens. Il est, pour moi, le moins français des auteurs français. Il est quelque chose entre l’Angleterre, la Russie, le continent africain et les Etats-Unis. Un écrivain du monde, tourné vers le monde. Il délire le monde.

Et pour ce qui est de Shakespeare, il a comme lui le sens de la digression. Un art de la digression. La fable n’est-elle pas moins importante que l’ensemble des confessions et témoignages intérieurs que propose le texte?

Dans « Sallinger », le deuil qui suit la mort du Rouquin est le temps de l’abandon, un temps suspendu qui ne provoque pas une action mais une réaction d’où naissent les mouvements intimes.

Et il se sert du théâtre, il ne cesse de parler du théâtre. Il suffit d’écouter les monologues de Leslie pour les plus évidents. Et cette mise à nu du théâtre n’est là que pour révéler ces êtres.

Nous ne pourrons jouer cette pièce sans une conscience accrue du théâtre.

Sallinger, 18 mars 2012

Dix jours que je n’aie pas écrit et pourtant tant de choses se sont passées.

Cette dernière semaine, nous avons quitté la table pour le plateau. Confronter le texte à l’espace. Brochure en main ou pas.

Le bonheur et la grande difficulté pour les comédiens, c’est que cela se joue au théâtre avec le théâtre. La fiction est tendancieuse. Nous flirtons entre un théâtre à nu et la fable…

Il y a tant de moment où Koltès est le fils spirituel du grand Bill.Javier Lorenzo, Le Rouquin.

Luciana Lifschitz June, Céline Bodis Carole.

Sallinger, 8 mars 2012

Après une semaine de travail à la table, nous avons retraversé la pièce en lecture. Un peu plus d’espace entre les acteurs, entendre le texte avec un peu plus de distance.

Comment cela sonne !

Quelques musiques…

Une vision globale après et avant le retour au travail de détail.

Si la question du désir a toujours était présente dans les textes et articles que j’aie pu lire, elle m’apparait aujourd’hui comme un sujet récurrent. Et plus qu’un sujet, une force souterraine qui transforme le texte en une parole profonde, en une confession. Quelque chose d’un témoignage, d’un mouvement intérieur…

Lucrecia Capello, Ma. Photo : Marianna Cecchini.

Sallinger, 1er mars 2012

Second jour de lecture. Violeta la traductrice a réalisé un très beau travail avec la complicité de Céline. Ne pas remettre le texte dans l’ordre, suivre la grammaire koltésienne. Accepter le mouvement de la phrase.

Les acteurs auraient tendance à vouloir corriger les bizarreries structurelles de la phrase. Nous nous attelons à ne pas céder à cette tentation.

 

Dans la photo : Javier Lorenzo, Roberto Carlos, Martin Slipak